FERRAT, UNE VISION POLITIQUE PORTEE PAR UN SENTIMENT DE JUSTICE

Les rendez-vous annuels avec Charles Silvestre sont un moment attendu du public de la médiathèque. Cet été, la causerie de l’écrivain-journaliste se focalisait sur quatre des chansons de son ami Jean Ferrat. Si toute l’œuvre de ce dernier s’attache à donner sa vision poétique et politique des mouvements de la société française depuis le milieu du XXème siècle, quatre chansons ont une histoire particulière.

« Ma môme » écrite en 1961 croise l’histoire du cinéma et de la nouvelle vague. Dans son film « Vivre sa vie », Godard invite Jean Ferrat dans une scène . Le chanteur en personne vient mettre sa chanson sur le juke box…

« Nuit et brouillard » (1963) fut écrite pour ne jamais oublier l’horreur de la déportation. Une petite controverse politique a contribué à l’immense succès de la chanson. Ferrat a répondu à chacun des courriers que lui avaient adressé les jeunes, collégiens, lycéens.

« La montagne » si chère aux Ardéchois a été écrite en deux heures à Antraïgues au restaurant « Le Podello » où le poète avait ses quartiers. Ferrat avait bien senti que se jouait l’exode rural dès les années 60.

« Ma France » fait suite à un sentiment d’exaspération vis-à-vis de la société française après « les bouffées d’espoir » de mai 68. Mais, Ferrat comprend vite qu’«engueuler» ne sert à rien, qu’au contraire, ce sont bien les souvenirs des moments forts qui dureront longtemps. Il passe donc de la déception à un chant d’espoir, depuis la Révolution, la Commune de Paris, la Résistance et toutes les révoltes qui ont fait le pays.

La causerie s’est prolongée par de chaleureux échanges avec le public, notamment sur le rassemblement du Larzac en 2003.où Ferrat se rendit pour s’opposer au néolibéralisme.

Encore de la poésie avec le prochain rendez-vous de la médiathèque, vendredi 21 août pour  « Archipel des voix, poètes du monde », lectures de poèmes par Julien Delmaire et Michel Ménaché.

Christine Roure

DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE … POUR UN EMOUVANT VOYAGE EN POESIE !

L’histoire du monde contemporain et les voyages nourrissent l’œuvre de Michel Ménaché. La crise sanitaire a retardé la publication de son dernier recueil de poèmes sur l’Espagne qu’il souhaitait présenter hier à la médiathèque. Cependant, pour le plus grand plaisir du public, le rendez-vous a été maintenu. Le conflit israélo-palestinien, le combat pour la justice et la liberté avec des poèmes dédiés à Abdellatif Laâbi, et l’émigration en général depuis Ellis Island au siècle dernier, étaient au cœur du spectacle « Poésie nomade, poésie debout ! ». Thème qu’il vit de l’intérieur, étant issu lui-même de l’émigration juive de Turquie.

C’est donc avec beaucoup d’émotion qu’il a offert un choix de ses poèmes. Sentiment magnifié par l’accompagnement musical à l’alto par Yaël sa fille, et au violon par Alice sa petite-fille. Le spectacle doit beaucoup à ses musiciennes qui ont choisi et travaillé les morceaux avec une grande sensibilité. Choix éclectique et en parfaite osmose avec les poèmes, alliant des musiques traditionnelles arabes (« Aya Zin», « Hatif »), juives (« Lullaby », « Tumbalalaï ») à « petite fleur » de Sydney Bechett en passant par « Elégie » de Stravinsky pour finir par « la sicilienne » de Bach magnifiquement interprété par la jeune Alice. Au-delà de l’histoire familiale, c’est bien de transmission dont il est question, la poésie naturellement prolongée par la musique. Alice a reçu en cadeau de sa mère un violon à l’âge de 6 mois et joue depuis dix ans. C’était ce soir-là l’une des rares fois où elle jouait avec sa mère en public. Toutes deux sont unanimes, c’était un plaisir … pour le public aussi !

Christine Roure

UN CABARET POETIQUE QUI ENCHANTA LES LIEUX…

Vendredi 31 juillet, en fin d’après-midi, le cabaret poétique de Myriam Monfront a donné une folle envie de danser à la trentaine de personnes réunies devant la médiathèque pour l’occasion. Envie réfrénée par la distanciation obligatoire bien respectée, mais il en est resté tout au long du spectacle et longtemps après, une très agréable ambiance de fête et de fraternité.

Le spectacle, articulé autour des thèmes de l’enfance, la nature et les voyages, alternait poèmes de Myriam publiés dans la Revue poétique « Verso » dirigée par Alain Wexler …et chansons tour à tour espagnoles – « Quizas, Quizas »,  « La Llorona » -, anglaises – « Sway », « Cry me a river » et françaises – «Trois petites notes de musique », « Sous le ciel de Paris »,  « J’suis snob » en hommage à Boris Vian qui aurait eu cent ans cette année.

Accompagnée par Eric Groebel à la guitare, la voix de Myriam, qu’elle travaille depuis de nombreuses années avant tout pour le plaisir, et son amour des langues, ont su servir ces textes et mélodies pour un partage très fraternel.

Christine Roure

UN PREMIER RENDEZ-VOUS DE L’ETE TRES REUSSI POUR LA MEDIATHEQUE

Malgré le contexte sanitaire, la programmation estivale reste active cette année avec des rendez-vous culturels en extérieur devant la médiathèque :  chaises  installées avec un espacement de 1 mètre les unes des autres, mise en place d’un accueil avec du gel et affichage des mesures et port du masque à respecter.

Ce service municipal qu’est la médiathèque souhaite en effet continuer à oeuvrer pour créer du lien social grâce à des échanges et des rencontres autour de la culture, et permettre aux acteurs culturels de s'exprimer. Le premier rendez-vous, hier, fut très réussi.

Vendredi 24 juillet, à 18h, une cinquantaine de personnes, toutes respectueuses des consignes sanitaires, étaient venues écouter Jeanne Ménassé conter l’enfance de Nicole née dans les années 40 dans une ferme pauvre en val d’Ardèche.

Née au sein d’une fratrie de nombreux frères et soeurs, Nicole hérite de sa mère d’une grande force intérieure. Animée d’une volonté farouche et d’une lucidité qui l’a conduit à s’extraire du contexte religieux, elle est la seule parmi la fratrie à suivre des études et devient enseignante.

Ce récit tantôt conté, tantôt lu, toujours captivant, a fait l’objet d’un livre écrit à quatre mains par Nicole et Jeanne, et que Nicole a dédicacé à la suite.

Jeanne a su trouver la voix juste pour servir magnifiquement ce récit aussi sobre que riche en émotion, qui parle à toutes celles et ceux qui ont vécu cette époque ou connu des parents dont le destin fut si proche. Un témoignage sensible et universel d’une vie de labeur, de courage et de droiture dans les campagnes jusqu’au milieu du siècle dernier.

Christine Roure