DU 8 AU 19 JUILLET OPERATION NATIONALE "PARTIR EN LIVRE" A LAQUELLE LA MEDIATHEQUE DE MONTPEZAT PARTICIPE.

Cette année, Covid oblige, pas d'animation en intérieur mais une sélection d'albums à découvrir et venir emprunter....

Les voici ci-dessous

FILM "Street Scene" de King vidor (80 mn)

 

USA, 1931

Au coeur des buildings de Manhattan, King Vidor nous plonge dans la vie d’un quartier multiculturel de la ville. Adapté de la pièce d’Elmer Rice, lauréat du prix Pulitzer en 1929, on y découvre les histoires entremêlées des habitants d’un immeuble New Yorkais et les destins tragiques de certains personnages.

Tout est filmé sur le palier d'un immeuble, espace restreint qui devient le lieu des échanges et des rencontres où tensions et sentiments vont animer les héros de ce récit citadin.

Ces américains aux origines et cultures diverses (Italiens, juifs russes, américains, polonais..) n'ont d'autre choix que d'accepter le vivre-ensemble. Cela crée des situations où les jugements vont bon train, en raison d'une conception de la vie différente d'un personnage à l'autre. Une certaine solidarité émerge toutefois (l'immeuble, c'est aussi un peu une grande famille).

Pour ma part, c'est le personnage de Rose, jeune femme qui lutte pour son indépendance, contre la phallocratie et le paternalisme de la société, qui m'a le plus touchée.  Tout en restant profondément empathique, elle sait s'imposer et imposer son choix de vie. En 1931, montrer une telle figure féminine, mérite d'être souligné.

Le style du réalisateur, King Vidor (mort en 1982 à l'âge de 88 ans) c'est avant tout la dimension documentaire qu'il donne à ses films (dans celui-ci, c'est l'état social de la ville américaine).

 

Le DVD peut être emprunté à la médiathèque


 

COUP DE COEUR POUR CE LIVRE : CE QU’ON ENTEND DANS LES CHANSONS de Serge Hureau et Olivier Hussenet. Ed Points 2016

 

Saviez-vous qu'avant d'être abandonnée aux enfants, Le Roi Dagobert était une chanson politique dirigée contre Louis XVI, réputé poltron et cocu ? Ou encore qu'Au clair de la lune était en réalité une chanson érotique ? Et que Le temps des cerises se réfère à l’épisode communard….

Derrière Le Temps des cerises, Les Feuilles mortes, comme les plus grands succès de Gainsbourg, Trenet, Barbara ou Anne Sylvestre, Serge Hureau et Olivier Hussenet débusquent les sens et sous-entendus les plus insoupçonnés. Des airs qui ont bercé notre jeunesse aux tubes, en passant par les classiques du music-hall ou les refrains rares et oubliés, ils revisitent avec fraîcheur et originalité le patrimoine de la chanson française, lui donnant un bon coup de jeune.

 

Voici un petit extrait pour se mettre en bouche :

 

Poupée de cire, poupée de son

 

La chaleur des garçons

 

1965. paroles et musique de Serge Gainsbourg.

 

La jeune France Gall l’enregistre pour le concours international de l’Eurovision en 1965. Sa voix est acidulée, son timbre un brin métallique. L’accompagnement lorgne du côté du symphonique, l’arrangement d’Alain Goraguer a même prévu un rythme de marche rapide, comme une chevauchée endiablée lors du pont instrumental avant le dernier couplet. Etrange contraste entre une voix un peu froide, mais capable de nuances et de douceur, portée par une toute jeune fille à la timidité et au sourire encore enfantins – incarnant parfaitement l’image de la poupée que promet le titre – et ces cavalcades de cuivres, caisse claire soulignées par des violons quasi héroïques. Equilibre risqué, qui semblera même ridicule aux musiciens de l’orchestre qui siffleront moqueusement en découvrant la partition lors de la répétition à Naples, provoquant la colère de Gainsbourg : celui-ci quitte la séance, achevant de désespérer la jeune chanteuse. Elle abordera le concours battue d’avance.
Contre toute attente, c’est pourtant elle qui remporte le Grand Prix.

 

Je suis une poupée de cire,

Une poupée de son

Mon coeur est gravé dans mes chansons

Poupée de cire, poupée de son

Suis-je meilleure, suis-je pire

Qu’une poupée de salon ?
Je vois la vie en rose bonbon

Poupée de cire, poupée de son
Mes disques sont un miroir

dans lequel chacun peut me voir

Je suis partout à la fois

Brisée en mille éclats de voix

Autour de moi, j’entends rire

Les poupées de chiffon

Celles qui dansent sur mes chansons

Poupée de cire, poupée de son

Elles se laissent séduire

Pour un oui, pour un non

L’amour n’est pas que dans les chansons

Poupée de cire, poupée de son

Mes disques…

Seule parfois je soupire

Je me dis : “A quoi bon

Chanter ainsi l’amour sans raison

Sans rien connaître des garçons ?”

 Je n’suis qu’une poupée de cire

Qu’une poupée de son

Sous le soleil de mes cheveux blonds

Poupée de cire, poupée de son

Mais un jour je vivrai mes chansons

Poupée de cire, poupée de son

Sans craindre la chaleur des garçons

Poupée de cire, poupée de son.

 

Il y a beaucoup à entendre derrière les jeux de mots : la cire renvoie au vinyle dont on faisait les disques et le son au phénomène sonore et pas seulement à l’enveloppe des grains de blé qui sert à rembourrer les poupées de tissu. C’est donc une chanson qui parle d’une chanteuse, poupée dont la voix est démultipliée en mille 45-tours. Gainsbourg a écrit pour la jeune France Gall un texte sur les yéyés, son obsession à ce moment de sa carrière où il balance entre son répertoire de cabaret qui peine à trouver le succès qu’il désire et une production commerciale dans un style yéyé qu’il méprise. Il inscrit cette contradiction dans ses chansons(…)

 

Pour cette chanson, il puise son inspiration dans la musique romantique : on peut en effet reconnaître dans la mélodie portant les mots “Je n’suis qu’une poupée de cire” le début du thème central du 4ème mouvement de la sonate pour piano n°1 en fa mineur de Beethoven (….)

 

Tout nous conduirait à envisager ce titre comme un objet superficiel (…) la profondeur de l’oeuvre est dissimulée. Ses enjeux n’apparaissent qui si l’on prête attention à la citation musicale de Beethoven, qui imprime une certaine gravité, mais aussi aux paroles. Le texte en effet insiste sur la solitude d’une jeune chanteuse à qui l’on confie des chansons d’amour alors qu’elle n’a pas encore connu la “chaleur des garçons” : un être fractionné en galettes de cire qui fondraient comme les ailes d’Icare s’il approchait trop des températures torrides de ces garçons tant désirés. (...)

 

Ainsi Gainsbourg, à travers ses créations mêmes, jouera-t-il le rôle d’une sorte de grand frère avisé pour la génération des tout jeunes yéyés : il les prévient du danger( ...)

 

 

Livre disponible au prêt à la médiathèque.

 


"Les romans et récits du terroir font vivre la mémoire collective à travers l'histoire d'une famille ou d'un village de nos régions. Ils permettent au lecteur de retrouver les souvenirs de sa jeunesse ou de reconstituer une tranche de vie de ses aieuls." Paule Valette C'est exactement ce que je recherche aux cours de mes lectures.

Nadine


A NORTHERN SOUL

 

 

 

http://lecture.ardeche.fr/EXPLOITATION/Default/ressources-numeriques.aspx

 

remplir le formulaire comme indiqué sur cette page. Quand l’inscription est faite, aller sur Films doc Tenk (à droite dans “Ressources numériques” de la même page – choisir un film > accéder au document… et vous y êtes !

Accès gratuit jusqu'au 31 août.

 

Voici encore un film à découvrir, absolument !

 

A Northern Soul, réalisé par Sean McAllister, Royaume-Uni 2018. Durée 110 mn. Sous-titrages en français

 

Nommée Ville de Culture pour une année, Hull, une cité industrielle du nord de l’Angleterre, entre en effervescence. Magasinier le jour et fan de hip hop la nuit, Steve a un rêve : transformer un vieux camion en un "Beats Bus" itinérant pour faire slammer les enfants des quartiers. Mais la réalité est toujours plus compliquée lorsque la pauvreté vous mine…

 

Le réalisateur, originaire de cette ville, suit Steve tout au long d’une année, au plus près de tous les instants de sa vie, que ce soit dans son travail fatigant et inintéressant, dans sa vie quotidienne chez sa mère où il a dû retourner après son divorce, quand il a sa petite fille quelques jours par mois, et surtout pendant le travail qu’il mène avec les enfants des quartiers pauvres de la ville pour préparer un spectacle. Le personnage est attachant, porté par le rêve d’offrir aux enfants cette confiance en eux et cet accès à la culture, à la musique qu’il n’a pas eu. Un combat qu’il mène avec succès, mais qui le laisse englué dans ses problèmes financiers…

 

Le tout porté par l’excellente musique de Terence Dunn.
C’est un portrait cruel et complexe de l’Angleterre du Brexit et d’une pauvreté qui ne cesse de s’installer dans la vie de certains…

 

Sean McAllister est injustement méconnu en France alors que sa filmographie est largement reconnue dans le reste du monde. Ses premiers films "Working for the Enemy" (1997) et "Minders" (1998), ont tous deux été nommés pour un prix de la Royal Television Society, et il a été lauréat à Sundance avec "The Liberace of Baghdad" et à Sheffield avec "A Syrian Love Story". Sean McAllister a réussi à imposer à la BBC et Channel 4 en Angleterre, son style très engagé politiquement (à gauche) avec des scènes pleines d’émotion qui défient tranquillement les canons du Brodcast. Un tour de force qui s’explique par son choix d’aller sur le terrain des journalistes comme la guerre, mais au lieu d’en être le reporter il s’attache au romanesque des vies, comme celles du pianiste de l’hôtel de Bagdad ou du couple de "A Syrian Love Story". Il filme avec une empathie sans pathos le pas à pas des histoires personnelles en temps de guerre, ce qui est assez extraordinaire, et d’autant plus que ce que nous voyons est en train d’arriver. Plus généralement, ses films dépeignent, avec une intimité et une franchise caractéristiques, des personnes du monde entier qui luttent pour survivre, pris dans des conflits politiques et personnels, essayant de donner un sens au monde dans lequel ils vivent.” TENK

proposé par Christine Roure

 

 

FILM DOCUMENTAIRE

 

Dans l’offre numérique de la bibliotheque departementale de l’Ardèche mise en place gratuitement jusqu’au 31 août, on trouve une sélection de films documentaires de Tenk (plateforme dédiée aux documentaires d’auteur basée à Lussas en Ardèche).

 

Pour en bénéficier :

 

http://lecture.ardeche.fr/EXPLOITATION/Default/ressources-numeriques.aspx

 

remplir le formulaire comme indiqué sur cette page

 

quand l’inscription est faite, aller sur Films doc Tenk (à droite dans “Ressources numériques” de la même page – choisir un film > accéder au document… et vous y êtes !

 

Voici l’un des films que j’ai pu visionner :

 

Dans le lit du Rhône

 

auteure : Mélanie Pitteloud
Musique originale de : Jean-Sébastien Ledewyn
Suisse, 2017
Production : GoldenEggProduction

 

durée 88'

 

De sa source au lac Léman, le Rhône a été corseté depuis 150 ans, apparemment dompté par les humains. Jusqu’à devenir un long et étroit couloir endigué, qui permit aux hommes d’utiliser largement la plaine pour l’habiter et la cultiver. Mais le fleuve n'a pas dit son dernier mot ! Suite à des inondations catastrophiques, un gigantesque chantier s'emploie actuellement (avec une fin des travaux prévue en 2045 !) à le revitaliser en lui redonnant de l'espace. Ce film engageant et poétique en compagnie d'habitants liés au destin du Rhône est un voyage qui invite à un questionnement universel sur nos relations à la nature et au territoire.

Réalisé par une jeune réalisatrice suisse d'origine valaisanne, ce film est le fruit d'un beau travail de documentation, ponctué d'images d'archives. Précis, minutieux, il s'attache à l'écoute de toutes les catégories de riverains dont les rapports au fleuve sont très différents, voire opposés, biologistes, pêcheurs, cultivateurs.. et simple habitant, ou écrivain.

 

 

 

En étudiant ce paysage en mutation, la réalisatrice donne à voir un nouveau temps des relations de l’homme avec la nature : il ne s’agit plus de la domestiquer, mais de faire avec, de construire avec elle un nouveau pacte permettant une cohabitation habile entre les hommes et le fleuve. Ainsi, une nouvelle carte du fleuve se dessine sous nos yeux.

 

Longtemps célébré de façon souvent onirique dans son passage dans les terres du sud et de la Camargue, c’est son lieu de naissance qui est dans ce film mis en valeur. Et c’est particulièrement riche et intéressant.

Christine

 

 

PASTORALE

 

Aki Ollikainen
Éditions Héloïse d’Ormesson (16/01/2020)

 

 

 

Dans la campagne finlandaise, au sein d’une communauté vouée à disparaître, trois générations vont se croiser et se bousculer le temps d'une chaude journée d'été.
Les jeunes (Meri initie Kaius à l'amour), les moins jeunes : Aatu et Elina, derniers installés, traversent un passage à vide dans leur vie de couple. Les vieux : Vilho affronte la maladie d’Alzeheimer de son épouse Sirkka, et Reino vient enterrer un frère qu'il connaît à peine.

 

 

 

Dans la journée estivale que décrit Ollikainen, la plus belle part, élégiaque, est réservée aux magnificences de la nature. Dans laquelle le règne animal ne connait ni innocence ni cruauté, mais obéit simplement à un cycle éternel : le loup a faim, la vipère se love au soleil, le brochet passe de prédateur à victime, les agneaux bêlent et les corbeaux croassent comme des croquemorts.

 


Chaque personnage est touchant, j’ai aimé leur lien, leur amour, qui pour ses moutons, qui pour sa femme qui perd la tête. Très beau passage alors quand Vilho met la valse de leur mariage, revêtant son costume, faisant la révérence sa femme se laissant emporter une dernière fois sur le rythme de cette valse. Plusieurs scènes sont ainsi, belles, tendres, émouvantes.
Ce pourrait être bucolique, mais on comprend vite « que les êtres humains sont des créatures trop compliquées pour jouir de la simplicité ». Et c’est l’occasion de glisser des constats sur l'époque actuelle (déclin de l'agriculture, difficulté économique des paysans, solde migratoire négatif, arrivée de néo-ruraux)

 


Aki Ollikainen, photographe de métier, construit un conte cruel et envoûtant rythmé par les murmures de la nature. Ce roman pourrait être vite lu (123pages). Ce serait dommage car il faut se donner le temps de savourer cette immersion dans la nature finlandaise, ses habitants, ses animaux qui parlent….

 

Pas de progression dramatique dans ce roman mais une symphonie harmonieuse même dans ses dissonances et apaisée.

 

 

 

Un petit pays que la Finlande, mais riche de grands auteurs : Arto Paasilinna, Sofia Oksanen… et de grand cinéaste : Aki Kaurismaki...

 

 

 

Petit extrait :

 

Il n’avait pas d’ambition. C’est ce que sa femme lui avait dit. Mais il fallait bien qu’il fasse quelque chose. Sur ces mots, Aatu avait, un jour pluvieux de septembre, marché jusqu’à la bibliothèque. Il se répétait le mantra de son absence d’ambition. Et comme par un caprice du destin il s’était avancé, perdu dans ses pensées, jusqu’aux ouvrages de poésie et avait pris en main « Le gardeur de troupeaux » de Fernando Pessoa. Le livre s’était ouvert à l’endroit où Pessoa écrivait, sous la figure de son grand maître, le berger Alberto Caeiro: «  Je n’ai ni ambition ni désir. Être poète n’est pas mon ambition. C’est ma façon à moi d’être seul ». Et à cet instant Aatu avait trouvé sa vocation. Il ne voulait pas écrire des poèmes qui finiraient au fond d’un tiroir. Il voulait être berger.”

 

 

 

Roman disponible au prêt à la médiathèque de Montpezat

 


TROIS PREDATEURS DANS UN SALON

 Une histoire du chien, du chat et de l'homme

 de Pierre Jouventin - Éditeur : Editions Belin (12/03/2014)

 

Le chat et le chien sont-ils des "ados" éternels ? Sont-ils altruistes ? Comment communiquent-ils entre eux et avec les humains ? Quand et comment le loup a-t-il été domestiqué pour donner le chien ? Etc.

En répondant à ces questions et à bien d'autres, Pierre Jouventin retrace l'aventure commune d'un trio d'anciens chasseurs - le chat, le chien et l'homme - tous marqués par ce passé de prédateur. Le chien (dont l’ancêtre est le loup) fut domestiqué voici 33000 ans, le chat 9500 ans. On retient, entre bien d’autres informations précieuses que « la domestication du loup est si facile qu’elle a dû survenir à plusieurs reprises dans le temps et en plusieurs régions du monde. »  et que « l’homme s’est domestiqué lui-même par la sédentiarisation, l’urbanisation, l’agriculture et l’élevage ! », « notre espèce ayant davantage été modelée par la chasse que par les supermarchés ! »

Ce livre, riche en anecdotes sur les moeurs de nos compagnons, plonge le lecteur dans l'intimité des liens tissés entre eux et l'homme.

Un récit passionnant où l'on apprend à mieux comprendre nos "amis", et à mieux nous connaître. Au fil des pages, l'auteur se fait aussi l'avocat des "bêtes" qui ne peuvent parler, mais manifestent des dons que l'on croyait réservés à notre seule espèce, voire développent des capacités supérieures aux nôtres.

Au terme de ce voyage effectué depuis notre salon, nous avons fait plus ample connaissance avec les trois prédateurs de notre monde :  le chat, ce mini-fauve qui fait entrer la jungle dans notre intimité, avec néanmoins une immense délicatesse ; le chien, cet ado éternel proche de la perfection sociale de son ancêtre le loup, par sa capacité d'empathie, de partage, d'entraide et d'altruisme ; enfin le singe génial et original que nous sommes, qui a longtemps chassé en clans comme le loup, mais qui cherche à oublier ce passé honteux et à trouver ses limites...

L’auteur est ancien directeur de recherches au CNRS, et un spécialiste du comportement animal de renommée internationale.

Cet ouvrage peut être emprunté à la médiathèque de Montpezat.
Christine

 


DE L’ANGLETERRE AU GROENLAND, LES MERVEILLEUX VOYAGES DE PIERRE ET STELLA

Premier roman de Garance Shelenz, 11 ans…

Le 15 février à la médiathèque, Garance Shelenz,11 ans, invitait le public à la présentation de son premier roman « De l’Angleterre au Groënland, les merveilleuses aventures de Pierre Et Stella ». Sur un rythme rapide, servi par des dialogues très vivants, ce roman fort bien écrit nous fait vivre les nombreuses péripéties de jumeaux d’une dizaine d’années, orphelins, dont l’un possède des pouvoirs qui sont plutôt un handicap…

Cette jeune montpezatienne, actuellement en classe de 6ème au collège du village, avait déjà expérimenté cet exercice difficile dans la semaine, avec succès, auprès des enfants de l’école, ses camarades de classe des années précédentes.

Emouvante petite présence frêle sur scène, elle a pourtant une personnalité affirmée. Surmontant très vite son trac, elle est entièrement portée par sa confiance en son travail, et sa volonté de raconter son parcours avec des mots justes, au plus près de ce qu’elle a vécu, pour mieux le partager.

Elle a sorti de son « sac d’écrivain », ainsi qu’elle le nomme, ses tout premiers brouillons, puis le carnet manuscrit, et les originaux des illustrations confiées selon son souhait  à un dessinateur professionnel, ami de ses parents.

 Aux questions des enfants qui, eux aussi, avouent avoir commencé, qui un roman, qui une BD, qui un recueil de poèmes et peinent à terminer, elle recommande « de ne pas lâcher ». Un encouragement qu’ils vont très certainement mettre à profit.

Garance a raconté son amour de la nature : c’est en courant, dit-elle, que les idées lui viennent. Et l’importance du milieu dans lequel elle vit : l’association « La messicole » lui permet de rencontrer et discuter avec plein de personnes différentes.

Ces échanges lui sont indispensables. Elle a commencé l’écriture du roman en novembre 2018 pour l’achever un an plus tard, et durant toute cette année, elle a lu à voix haute les chapitres, au fur et à mesure qu’elle les écrivait, à ses proches, mais également, de façon informelle, à la Messicole et la médiathèque pour Christine, la responsable, et les lecteurs qui se trouvaient là à ce moment-là. Des retours qui l’ont encouragée à continuer jusqu’au bout.

Grande lectrice de bandes dessinées, elle reconnait que « bien sûr, ses lectures l’inspirent » et que l’imagination « c’est un peu comme un ordinateur avec plein de logiciels qui s’activent ». Elle qui ne souhaite pourtant n'avoir ni tablette, ni smartphone, ni ordinateur….Depuis toute petite, elle écrit, et dessine. Avant de maîtriser l’écriture, elle dessinait puis découpait des personnages qu’elle animait ensuite à travers d’histoires qu’elle inventait.

La poésie tient une grande place dans sa vie et donc aussi dans ce premier roman.

Si vous souhaitez acheter ce livre, nous vous invitons à adresser à la Messicole en précisant votre nom, et le nombre d'exemplaires souhaités : contact@messicole.fr

 

Garance écrit en ce moment son deuxième roman dont elle réserve très prochainement la primeur des premiers chapitres au lecteurs de ce blog


Cœur à cœur avec la Lecture.

 

Parmi mes derniers coups de cœur :

- « Dialogue » de François Cheng Collection Proches lointains

Entre deux langues complexes, le chinois et le français, deux cultures si différentes, François Cheng dialogue. Sa poésie évocatrice et musicale m’a fait savourer cet hymne à la langue française.

 

- « Egypte 51 » de  Yasmine Khlat, livre prêtée par notre belle fille qui a eu la chance d’interviewer et d’apprécier cette écrivaine lors des Cafés littéraires de Montélimar. J’ai aimé ce très beau roman d’amour sous forme de conte, échange épistolaire dans un contexte historique (canal de Suez, guerre civile du Liban) où toutes les religions, identités, langues et cultures cohabitent. Des fragments de bonheur malgré les séparations, les guerres et l’exil. Très émouvant.

 

- « La Fontaine, une école buissonnière » de Erik Orsenna

 J’ai beaucoup apprécié ce livre. Érik Orsenna nous donne envie de repartir sur les pas du grand poète. Revoir sa vie désordonnée, loin des contraintes, il reste un homme libre. Découvrir d’autres fables et surtout ses contes qui n’étaient pas au programme scolaire. Trop de dames « gentilles de corsage » s’y promenaient.

 

- « Allo ? Je vous passe Jean Paul Sartre » de Germaine Sorberts. 2002 Plon

 Pendant 30 ans, de 1945 à 1974, Germaine Sorberts, la secrétaire de la revue légendaire Les temps modernes nous fait revivre les grands et les petits moments de ce monde intellectuel bouillonnant, aux côtés de Sartre, Merleau-Ponty et Simone de Beauvoir. Avec son témoignage, on se glisse dans les coulisses de leur intimité.

Mon amie de Vallon côtoyait Mme Sorberts qui s’était retirée dans sa maison en Ardèche. Grâce à elle j’ai eu connaissance de ce livre qu’elle lui avait dédicacé. De vive voix elle rajoutait, paraît-il, quelques détails croustillants…

Françoise Prat 

 


ZARINA KHAN

Si vous ne l'avez pas déjà entendu, je vous invite à écouter le discours de Zarina Khan à La Sorbonne, pour la remise du Prix Seligmann ; un prix littéraire qui récompense les écrits engagés contre le racisme, et l'intolérance. Ce prix lui fut décerné pour son roman autobiographique, " La sagesse d'aimer".

 

Le roman est disponible ici : https://www.editions-hozhoni.com/bout...

 

Je n'ai pas encore lu son "roman vrai",  j'espère pouvoir le faire dès que les librairies reprendront leur activité.

 

Quelques infos que vous pouvez trouver, comme moi, en inscrivant : Zarina Khan.

 

D’origine russo-pakistanaise, femme de théâtre, réalisatrice, philosophe engagée pour la défense des droits de l’homme et de l’enfant et reconnue par l’Unesco comme experte pour la culture de la paix, nominée parmi 1000 autres femmes pour le Nobel de la Paix, Zarina Khan est l’auteure de nombreux essais et pièces de théâtre.

 

La sagesse d’aimer (Hozhoni, 2016), premier tome d’une surprenante autobiographie où elle relate son enfance et adolescence hors normes, a été salué pour la qualité de son écriture et couronné par le Prix Seligmann 2017 contre le racisme.

 

Avec La forge solaire (Hozhoni, 2018) elle continue le récit de sa singulière destinée, en perpétuelle itinérance entre Karachi, Bruxelles, Madrid et Moscou, marquée par des rencontres exceptionnelles.

 

Ce captivant « roman vrai », porté par une langue ciselée, est un véritable manifeste pour la paix et la liberté.

 

Zarina Khan vit aujourd'hui en Ardèche à Mirabel où elle a ouvert un centre culturel rural qui propose spectacles, expositions, concerts, ateliers d'écriture et théâtre.

Françoise Prat

 

Merci Françoise pour cette veille documentaire ! Je viens de réserver le roman "La sagesse d'aimer" de Zarina Khan à la bibliothèque départementale qui en a fait récemment l'acquisition. Il devrait donc bientôt arriver à la médiathèque de Montpezat où ses lecteurs pourront l'emprunter.

Christine Roure

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FILM « LES ENFANTS DE BELLEVILLE » Asghar Farhadi,  Iran

 

DVD disponible à la médiathèque

 

Second long-métrage d'Asghar Farhadi réalisé en 2004, avec Hossein Farzi Zadeh , Taraneh Alidoosti, Babak Ansari. Sortie en DVD en 2012, distribué par Memento Films Distribution.

 

 Synopsis:

 

Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort pour le meurtre de Maliheh. Alors qu’il attend son exécution dans un centre de détention pour délinquants mineurs de Téhéran, son meilleur ami A’la et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.

 

 Mon avis :

 

Encore un très bon film iranien ! Le cinéma iranien est riche d’excellents réalisateurs qui portent un regard toujours critique, lucide et plein d’humanité sur leur société : Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, Bahrama Beizaï, Mohsen Makhmalbaf, Samira Makhmalbaf….Farhadi, qui a grandi dans les faubourgs déshérités de Téhéran, en est un éminent représentant.

 

Cette œuvre puissante, est portée par une histoire simple et cruelle,  avec des personnages englués dans les rouages d’une société aux mains de religieux.  A’la et Firoozeh m’ont particulièrement marquée ; jeunes, forts et déterminés. Ils émeuvent par leur courage et leur vitalité. A travers le sujet de la peine de mort, le réalisateur dénonce, à sa façon distanciée, la justice locale fondée sur la loi islamique. Entre Occident et Orient, l’Iran est riche d’une culture dont on ne peut que se sentir aimanté…

 

 Lu dans des critiques (France Inter)

 

Asghar Farhadi dit à son propos de son film qu’il s’agit d’une « guerre du bien contre le mal ». Il raconte la confrontation de deux familles à propos d'un meurtre sans que personne ne puisse jamais se prononcer en faveur de l’une ou de l’autre. La frontière entre le bien et le mal n'existe pas. Nous ne possédons pas forcément assez d’éléments pour pouvoir dessiner cette frontière.

 

Le film parle aussi du prix à payer pour gagner sa liberté, en l’occurrence le prix du sang … Un principe très complexe du système juridique iranien. Il s’agit d’une sorte de dédommagement que l'auteur d’un crime peut payer à la famille de sa victime afin de se libérer de sa peine. Mais ce n’est pas le sujet principal des Enfants de Belle Ville. Il s’agit pour le réalisateur d'interroger cette pratique.

 

Autre thème du film : l’amour . Une histoire d’amour nait entre le héros et la sœur de son meilleur ami. La jeune femme est plutôt émancipée : elle fume, elle boit, elle assume d'avoir été mariée, d'avoir des relations amicales avec un autre homme… Asghar Farhadi à ce sujet : «j’ai le sentiment que l’amour n’a jamais été aussi présent. C'est pourtant une histoire très étrange, en ce sens que l’amour est impossible entre les deux personnages , mais eux-mêmes poussent à y croire et à penser que tout est possible. Et même s’ils se séparent à la fin, je suis persuadé que cette histoire restera gravée dans leurs cœurs. »

 

 

D’autres films de Panahi « Une séparation », « Trois visages », « Le ballon blanc », « Sang et or », «Le miroir », « Taxi Téhéran »… sont disponibles à la médiathèque (certains en fonds propre, d’autres de la Bibliothèque Départementale).

Christine Roure

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UN VIEUX FILM ITALIEN MECONNU ET EXCELLENT !

 

Vu sur youtube

 

« Le témoin » de Pietro Germi, 1946, italie

 

 

Synopsis :

 

Suspecté de meurtre, Pietro Scotti, un honnête citoyen, risque la peine de mort en raison d'un témoin à charge de dernière minute. Ce dernier, Giuseppe Marchi, un vieil employé de bureau, raconte qu'il l'a vu près du cadavre sur les lieux du crime. Mais il s'avère que sa montre retardait et annule donc son témoignage. Pietro bénéficie d'un non-lieu. Essayant de refaire sa vie, il demande en mariage une jeune fille pauvre, Linda. Mais leur couple est perturbé par Giuseppe, qui semble suivre Pietro...

 

Mon avis :

 

Mon compagnon et moi aimons beaucoup les films italiens des années 40 à 70. Nous en avons vu beaucoup. Nous étions près de désespérer d’en trouver de nouveaux (pour nous) lorsque nous avons repéré celui-ci. Nous ne fumes pas déçus !

 

J’ai beaucoup aimé ce film qui nous amène dans l’Italie d’après guerre aux côtés de personnages très différents (sombre comme Pietro, lucide comme Linda qu’on devine marquée par une enfance pauvre, honnête comme le bon fonctionnaire Giseppe) qui entremêlent leurs destins. Un dénouement qui se veut moral, mais qui est surtout pessimiste.

 

 Lu dans des critiques (Arte) :

 

Ce premier long métrage de Pietro Germi est un film plutôt méconnu qui se révèle excellent, déjà très représentatif du talent de Germi et ancré dans une époque, celle de l’immédiate après-guerre en Italie, marquée par des questionnements moraux et un pessimisme foncier. Comme dans Le Bandit et La Proie du désir réalisés à la même période, la mort est au bout du chemin dans Le Témoin, sa trace imprègne le film. Elle l’est aussi au début, puisque le film commence par le procès du personnage principal accusé de meurtre. L’une des particularités de ce film étonnant consiste à s’intéresser à un crime sans jamais montrer de violence à l’écran, tout en en étudiant, du début à la fin, les conséquences sur la destinée des personnages.

 

Le vieil employé réapparait sur son chemin, provoquant son énervement et réveillant en lui une angoisse qui est celle de la culpabilité. La vérité finira par éclater, détruisant le moindre espoir.

 

Dès son premier film, Germi part d’une histoire criminelle pour dresser le portrait moral de l’Italie au sortir de la guerre, entre corruption, misère et volonté de s’absoudre de la décennie fasciste. Le Témoin fut produit par une société spécialisée dans les sujets religieux, ou dans les films accordant une place importante à la spiritualité. Le film de Germi propose en effet un cheminement vers la rédemption, avec les thèmes du pêché et du salut de l’âme. Germi a consacré plusieurs films au monde ouvrier mais il n’était pas d’obédience communiste, plutôt proche de la démocrate-chrétienne, ce qui explique la tonalité du Témoin, qui évoque aussi l’univers étouffant et les études comportementales et psychologiques des romans de Georges Simenon.

Christine Roure

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"La Marche de Mina" de Yoko Ogawa prix Tanizaki en 2006

 

 

C'est l'histoire d'une jeune fille, Tomoko, qui à la suite de la mort de son père et pour permettre à sa mère de suivre une formation passe une année chez son oncle et sa tante à Kobe.

 

Là , elle va vivre avec une cousine quasiment de son âge qui a un problème de santé grave, lis beaucoup, va à l'école à dos d'hippopotame nain ( je ne savais pas que cela exister !!) et écris des histoires sur des boites d'allumettes illustrées qu'elle collectionne.

 

Tout au long du livre , on découvre l'étonnement de Tomoko pour tout ce qui se passe dans cette famille, la grand mère allemande, la double vie de l'oncle, les domestiques qui dirigent la maison, les traditions bref tout un univers qu'elle ne connaissait pas dans sa propre famille.

 

Personnellement j'aime beaucoup les auteurs japonais, leur vision de l'écriture, la construction de l'histoire. J'apprécie particulièrement la sérénité que dégage souvent les livres japonais même quand ils racontent les pires horreurs . C'est une autre écriture, je dirai une écriture asiatique loin de notre vision européenne .

 

On aime et on aime tous les auteurs, les poètes japonais ou on n'aime pas mais il faut essayer un livre comme celui-là pour savoir si la littérature japonaise plait ou pas.

N'hésitez pas, il y a pas mal d'auteurs japonais à découvrir à la médiathèque...

Jacqueline Testud

 

Bonjour à tous les lecteurs de ce blog bien attirant à découvrir au fil des jours!
Je voulais vous faire part de la lecture de mon dernier livre emprunté à la médiathèque: "Indian creek" de Pete Fromm, un auteur de l'ouest américain .
Il s'agit des aventures et mésaventures d'un étudiant qui accepte, sans y réfléchir, un travail pour lequel il va devoir séjourner sept mois, en solitaire ou presque, dans un parc naturel de l'Idaho, au cœur des montagnes rocheuses.
Pour qui aime le récit d'une expérience se déroulant en pleine nature, ce livre, à la fois drôle et captivant, vous ravira.
Martine Boiron, 27 avril

Coucou tout le monde !

Une petite nouveauté depuis le confinement : Arte a légèrement bousculé son début de soirée depuis quelques semaines, et maintenant après le journal et 28 minutes, programmés 30 minutes plus tôt, on a droit à une émission "animalière" présentée par l'excellent David Attenborough qui nous apprend des choses indispensables (pour briller en société) et dont on ignorait tout, pauvres de nous, jusqu'à maintenant :
Qu'est ce qu'il y donc dans les bosses des chameaux ?
C'est quoi le problème des ornithorynques ?
Les corvidés utilisent des outils ? et pas mon mari ???
Les crapauds développent des crampons anti-glisse à leurs pattes avant pour s'accoupler sans déraper...sauf les crapauds accoucheurs
Allez voir ! c'est précis, pas un mot de trop, clair et extrêmement intéressant, souvent drôle et à 20 H 30
Bisous masqués
Edith
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« Jean-Luc persécuté » de Charles-Ferdinand Ramuz. Editions Grasset, 1930

 

Ne vous fiez pas au titre ! Non, ce n’est pas du tout un « Arlequin » ! C’est au contraire un roman âpre au dénouement tragique, qui interroge sur la folie. Folie qui menace et peut briser jusqu’aux âmes les plus fortes et simples.

 

Le sous-titre « Histoire de la montagne » campe un peu mieux le décor.

 

Ce roman, dans l’édition originale, a été offert à mon compagnon par son gendre bouquiniste.

 

Belle invitation à découvrir cet auteur suisse (1878/1947)

 

Charles Ferdinand Ramuz parle vaudois. Cela confère à son œuvre écrite en français un style singulier, une langue expressive au plus près du parler de ces paysans vaudois et de leur mode de vie qu’il aime tant scruter dans ses romans.

Voici donc l'histoire :

 

Revenant chez lui à l'improviste, Jean-Luc, paysan dans un petit village valaisan, s'aperçoit en suivant les traces laissées dans la neige par sa femme Christine, que celle-ci est allée rejoindre son amant Augustin. Il la quitte et retourne vivre auprès de sa mère. Pourtant à la demande de Christine faite au nom de leur fils en bas âge, il rentre chez lui. Suite à un accident survenu lors d'une coupe de bois, Jean-Luc a une jambe brisée et cet événement permet au couple de se retrouver et de renouer avec le bonheur. Sans que l’auteur nous en donne les raisons, Jean-Luc insiste pour que son épouse fréquente amicalement Augustin, d'où un nouvel adultère qui l'amène à chasser Christine. Resté seul avec son fils, Jean-Luc retrouve une forme de sérénité, vite brisée par des quolibets villageois qui mettent en doute sa paternité. Après la mort accidentelle du petit, Jean-Luc sombre dans la folie.

 

Ainsi, Jean-Luc est un taiseux, enclin à la rumination et dont le désespoir éclate en actions soudaines, parfois irrémédiables. Un paysan solitaire. S'il est entouré de voisins qui lui offrent une certaine aide matérielle quand il se retrouve seul avec son enfantri, aucun ne lui porte secours lorsqu'il est en proie au malheur, puis à l'ivrognerie et à la folie. Sa mère déplore qu'il néglige son bien (sa petite propriété), mais n'apparaît pas sensible à son désarroi. De même, les villageois forment un ensemble de silhouettes, à peine esquissées et on ignore tout du caractère de chacun d'eux. On ne sait pas non plus grand-chose de ce que pense Christine et de ce qui la motive, sinon qu'elle aimait Augustin, mais n'a pu l'épouser en raison de l'opposition du père de celui-ci qui la trouvait trop pauvre. C'est aussi le roman de l'incertitude et du doute par rapport à la filiation. Jean-Luc s'interroge sur sa paternité, ce qui l'amène à négliger complètement son fils et à être indirectement responsable de son décès. En écho à ce reniement, la mère de Jean-Luc le repousse impitoyablement, alors qu'il est en proie au désespoir et à la folie. Elle ne le considère plus comme son fils.

 

Ramuz ne décortique pas la psychologie des personnages. Il décrit les faits. Et cela suffit. A nous rendre infiniment proches tout ce petit monde de montagnards dont la rudesse de la vie confère la même rudesse aux sentiments.

 

Il réussit à créer des images fortes, tant des scènes, que du paysage valaisan qu’il connait bien. Et c’est bien cela qui reste lorsqu’on referme le livre, bouleversé par l’histoire et baigné par ces images qui fluent comme un film dans notre tête. Un roman qui marque, mine de rien, dans un style dépouillé, sans artifice… mais infiniment travaillé par ce docteur es-lettres.

 

Vous pouvez demander ce roman à votre libraire. Il est toujours édité chez Grasset, y compris en livre numérique.

 

Voir également sur lecture.ardeche.fr les autres romans de Ramuz (celui-ci ne figure pas dans le fond) et les ouvrages se référant à cet auteur.

Christine

 


 « Des hommes justes, du patriarcat aux nouvelles masculinités »

 

Ivan Jablonka aux éditions Seuil (collection « les livres du nouveau monde »), 2019

 

Ouvrage de la Bibliothèque départementale disponible à la médiathèque de Montpezat dès la réouverture

 

Un livre important à cette heure de pandémie mondiale où un changement de paradigme pour la société nous parait vital, dans lequel la place de la femme devra être redéfinie.

 

Historien, Ivan Jablonka remonte le temps à la recherche des causes premières du patriarcat qui conduit à la soumission des femmes aux hommes. Il faut pour cela aller jusqu'au Paléolithique. Un schéma bien ancré dans les mentalités à travers le monde qu’il va être difficile de faire évoluer !

 

Dans les trois premières parties, l'auteur étudie l'Histoire du patriarcat, celle des luttes des femmes et les failles qu’elles ont créées dans le règne masculin. Les modes de pensées, ainsi que l’éducation ont perpétué et perpétuent encore trop souvent le modèle viril des générations.

 

Trois parties extrêmement bien documentées, riches d’exemples, de nombreuses sources.

 

La dernière partie propose une société avec "des hommes justes".  Ce qui veut dire, selon l’auteur, que les hommes se fassent amis des féministes, cela suppose un ensemble nouveau de lois et règles dans les domaines sociaux, politiques, économiques, et dans l'éducation. En réalité, c'est à une révolution des mentalités qu'il nous exhorte.

 

Ivan Jablonka appelle à déconstruire le patriarcat et ses carcans qui enferment autant la femme que l’homme, à réfléchir la masculinité pour la libérer, elle-aussi, de ses modèles basés sur une virilité de domination. Certaines propositions paraissent évidentes, mais ça ne l'est pas forcément pour

 

tous ni dans tous les pays (exemples du Mexique, Russie, Etats-Unis, Nigéria, Japon, Chine ….

 

J'ai aimé son approche qui associe l'historien-sociologue à l’homme.

 

Un formidable travail de recherche et de synthèse, qu’il conclut de manière personnelle :"Si je fais le portrait de l'homme juste, je sais tout ce qui m'en sépare. Cela ne m'empêche pas de prendre parti. Je suis un homme contre le pouvoir masculin. Je suis une féministe".  Humilité et remise en question nécessaire, tant pour les hommes que pour les femmes,  voilà l'attitude à adopter pour que les mentalités changent totalement.

 

Bref, une salutaire invitation aux hommes à s'investir pour accéder à une forme apaisée de cohabitation entre les sexes, qui est aussi celui de la vraie liberté.

 

Un grand merci à Ivan Jablonka pour ce travail documenté et riche, loin des passions qui agitent les médias de façon souvent partielle et malsaine.

 

A lire et à partager, pour espérer bâtir une société égalitaire et apaisée.

Christine Roure, 25 avril